Les tendances sectorielle du marché de la restauration collective en Europe

Après une année difficile pour le secteur de la restauration collective dans le monde entier, certains signes indiquent qu’un retour à la normale pourrait être possible dans les prochains mois. Divers degrés de confinement à travers l’Europe, y compris la fermeture d’écoles et de bureaux ainsi que l’annulation ou le report d’événements publics et d’entreprises ont sans aucun doute eu un effet sérieux sur les spécialistes de la restauration collective sous contrat dans tous les domaines. Mais alors que nous entrons dans la seconde moitié de 2021, le moment est venu d’examiner les forces et les faiblesses financières du secteur et de surveiller les opportunités de reprise et de croissance.

Il est à noter qu’avant même le début de la pandémie de la Covid-19, un certain nombre d’entreprises du secteur était déjà en difficulté. Des recherches récentes menées par Plimsoll, l’un des principaux fournisseurs d’analyses financières sectorielles et d’entreprise, ont révélé que sur les marchés européens, une proportion importante d’entreprises était déjà notés en « Danger » avant mars 2020 :

Selon l’analyse de Plimsoll, les entreprises en « danger » sont affectées par une combinaison de facteurs, notamment une augmentation de la dette, une faible rentabilité, un faible retour sur investissement et une faible liquidité immédiate. Bien que certaines de ces entreprises aient pu améliorer leur santé financière, d’autres auront sans aucun doute eu du mal à survivre au cours des mois suivants. Même si les effets complets ne sont pas encore totalement visibles, le risque est clair: 9 entreprises sur 10 ayant fait faillite tous secteurs confondus avaient été notées en « danger » par Plimsoll jusqu’à 2 ans avant leur disparition.

Si l’on examine le secteur dans son ensemble, certaines grandes entreprises étaient mieux équipées pour réagir rapidement à la crise. Les leaders du secteur comme Compass Group et Sodexo, ont pu se concentrer sur des contrats dans des domaines tels que la défense et la santé, redéployant le personnel vers des secteurs où la demande est plus forte. Mais les petites entreprises se sont souvent retrouvées avec moins d’options et ont dû compter sur des programmes économiques d’urgence nationaux mis en place dans de nombreux pays pour essuyer la tempête.

Allant du “coronavirus job retention scheme” au Royaume-Uni au système allemand « kurzarbeit » et au « chômage partiel » en France, la plupart des gouvernements ont fourni un moyen de subventionner totalement ou partiellement les salaires des entreprises en difficulté en raison de la crise sanitaire. Certains, comme en Italie, ont également imposé un blocage temporaire des licenciements pour des raisons économiques. Ce dernier a peut-être contribué à maintenir les effectifs au plus fort de la pandémie, mais à l’heure où ces mesures d’urgence commencent à être graduellement retirées, les licenciements pourraient devenir inévitables pour de nombreuses entreprises, quelle que soit leur taille. Des 1^er signes de cette situation apparaissent déjà parmi les entreprises ayant récemment publié des chiffres sur leurs effectifs; un peu plus de 50 % ont réduit leurs effectifs par rapport à l’année précédente.

Toutefois, il semble que les aident financières aient, dans une certaine mesure, contribué à atténuer le choc de la crise. Dans l’analyse à l’échelle européenne menée par Plimsoll, environ 70% des entreprises de restauration sous contrat publiant des comptes à la fin de 2020 ont encore réussi à déclarer un actif circulant positif malgré une année globalement difficile.  30% se sont cependant retrouvés avec un actif circulant négatif et pourraient avoir besoin d’une injection de capital en 2021.

Alors que les choses commencent maintenant à s’améliorer, beaucoup d’incertitude demeure dans des domaines clés du secteur de la restauration collective. Le retour de certains employés dans les bureaux, la réouverture du trafic aérien et l’adoption du « Pass sanitaire » devraient donner aux acteurs du marché un coup de pouce bien nécessaire, bien qu’il soit peu probable que cela se ressente pleinement avant la fin de 2021 au plus tôt.

Dans toute l’Europe, de nombreux employés sont encore en télétravail, tandis que d’autres ont quitté les centres-villes en vue de travailler de manière plus flexible à plus long terme. Les entreprises de restauration collective opérant dans ces domaines devront suivre de près les tendances et peut-être en conséquence se diversifier dans de nouveaux domaines. Au fur et à mesure que les restrictions s’assouplissent davantage, les espaces de coworking pourraient s’avérer de plus en plus populaires car ils offrent des options plus flexibles aux propriétaires d’entreprise que les baux à long terme des bureaux traditionnels. Dans le même temps, certaines entreprises envisagent d’offrir un éventail d’options alimentaires de haute qualité pour inciter leur personnel à revenir dans les bureaux à temps plein. Pour de nombreuses entreprises de restauration collective, la fourniture de services spécialisés qui répondent à ces besoins en constante évolution pourrait offrir de nouveaux domaines de croissance au cours des prochaines années.

Comme l’on pouvait s’y attendre, selon les dernières données des entreprises, des indications montrent que la rentabilité a chuté à tous les niveaux en raison de la perte de C.A. due aux confinements successifs et à l’impact des coûts fixes. Parmi les entreprises européennes de restauration collectives analysées par Plimsoll, pratiquement aucune entreprise publiant des comptes depuis septembre 2020 n’a fait état d’une croissance de ses ventes.

Cependant, il convient de noter qu’environ 20% de ces entreprises ont réussi à augmenter leur rentabilité. Pour ce faire, elles ont réussi à réorganiser efficacement leurs opérations, maximiser les ressources en réduisant les coûts fixes et en supprimant des contrats moins lucratifs. Cette plus grande focalisation sur la rentabilité en cette période de survie pourrait s’avérer être une stratégie efficace dans les mois à venir et au-delà.

Avec un marché potentiellement plus consolidé à l’avenir, il sera plus important que jamais de disposer de ressources financières solides pour garantir les contrats futurs et maintenir la santé financière à long terme. Les plus prospères pourraient bientôt se retrouver avec les ressources nécessaires pour racheter des entreprises qui luttent pour rester à flot.

Plimsoll a également examiné les opportunités d’acquisition sur l’ensemble du marché européen de la restauration collective et attribué des notes en tenant compte d’une série de critères, notamment la structure de propriété, la rentabilité et la valeur potentielle.

Leur analyse a identifié 67 cibles d’acquisition « à fort potentiel » à travers l’Europe qui sont en difficulté financière, mais qui pourraient offrir de bonnes opportunités de redressement à ceux qui sont prêts à prendre le risque. À l’autre extrémité de l’échelle, 31 entreprises sont classées comme cibles à « valeur élevée » – malgré les difficultés de l’année dernière, elles sont financièrement solides et constitueraient d’excellentes perspectives d’acquisition pour ceux qui sont prêts à faire un investissement initial plus élevé.

Nous avons déjà assisté à des mouvements d’acquisitions intéressants ces derniers mois, tant en Europe qu’ailleurs. Par exemple, Sodexo a pris une participation majoritaire dans Fooditude, basée au Royaume-Uni, en décembre 2020, et plus récemment, une nouvelle collaboration entre BonCulina et le spécialiste des distributeurs automatiques sur le lieu de travail Bon Appetit se concentrera sur la vente d’aliments chauds principalement en milieu hospitalier.

Ces types d’accords peuvent fournir beaucoup d’informations sur les développements et les tendances plus larges dans l’industrie de la restauration collective. Par exemple, l’intégration de la technologie pour un certain nombre d’applications comme la réduction des coûts, la réduction du gaspillage ou la gestion des allergènes et la simplification de la commande des clients, est un point d’intérêt clé susceptible de transformer le secteur dans un avenir proche.

La pandémie a également mis en évidence la popularité croissante d’une approche directe au client. En raison des changements de modèles de travail du secteur privé mentionnés ci-dessus et donc d’une base de consommateurs plus largement dispersée et qui pourrait devenir une tendance permanente, la capacité à fournir des options plus personnalisées et une livraison directe pourrait être un énorme avantage pour les acteurs du secteur ayant des clients dans ce domaine.

L’enjeu pour les entreprises de restauration collective au cours des prochains mois sera de viser la flexibilité. Surveiller le changement, réduire la dépendance à l’égard des coûts fixes élevés tout en sécurisant un portefeuille de clients aussi diversifié que possible sera sans doute la clé du succès dans une période de reprise pour l’ensemble du secteur.

Dans l’ensemble, le secteur a le potentiel de se redresser fortement. En fait, en analysant les données de fin 2020 et de début 2021, Plimsoll a classé un nombre encourageant d’entreprises comme « fortes » sur les principaux marchés nationaux.

*estimation

Ces entreprises prospères sont susceptibles d’être les futurs protagonistes du marché, recueillant actuellement des liquidités et tirant le meilleur parti des gains de productivité. Les entreprises les plus résilientes montreront la force et la flexibilité nécessaires pour à la fois survivre au choc créé par la pandémie, mais aussi pour tirer parti des nouvelles opportunités qui en ont résulté.